Point de vue artistique : Donatello au V&A

Rebecca Stevenson, une artiste en résidence au Musée Victoria and Albert de Londres, révèle l’influence durable du travail de Donatello et ses effets sur l’art contemporain. 

Où trouvez-vous l’inspiration pour votre travail ?

Mes projets s’inspirent des formes historiques et du sens de la sculpture. Je les réimagine au regard de théories féministes et d’expériences personnelles du corps. J’utilise des techniques traditionnelles comme le modelage figuratif ou le moulage à la cire perdue pour explorer et subvertir les conventions sculpturales. 

Je suis attiré par les caractéristiques comme la mutabilité et la fluidité et mes sculptures finales font souvent l’objet d’un processus postérieur de “défaire” une œuvre en la coupant, l’ouvrant et en développant son ornement.

Quelles sont les particularités des œuvres de Donatello ?

J’ai toujours admiré Donatello mais faire des recherches sur son travail m’a permis d’approfondir ma connaissance à son sujet. Il était capable d’insuffler dans ses sculptures une grande humanité et intensité qui le démarquent clairement de ses contemporains. Il y a une anecdote dans le livre Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes de Giorgio Vasari qui décrit Donatello, tel un Pygmalion, en train de supplier ses sculptures de prendre vie et de lui parler – et ce n’est pas difficile à imaginer. 

Quelle est votre sculpture préférée et pourquoi ?

C’est impossible d’en choisir une parmi d’autres. La maîtrise de Donatello en tant que sculpteur est l’une des raisons qui le rend si fascinant. J’adore les nombreuses Madones, tendres et belles, comme celle de Pazzi par exemple. C’est difficile de ne pas tomber en admiration devant la tête monumentale du cheval connu sous le nom du Protone de Carafa. Cela dit, si je devais choisir celle que je préfère en ce moment, ce serait un petit ange intitulé Putto ailé avec un poisson fantastique, à partir duquel j’ai travaillé dans mon studio. C’est un personnage joueur et charmant mais aussi assez étrange car il possède des éléments kitsch pour notre regard contemporain.

Combien de sculptures avez-vous créées pour le V&A ?

Je produis une série de nouvelles sculptures en bronze et cire. Je travaille avec une imagerie issue de certaines des pièces les plus connues de Donatello, comme David, le médaillon de Chellini et les Spiritelli. J’inclue également des références à d’autres thèmes et objets des collections médiévales et de la Renaissance. Il y aura non seulement des œuvres intimes et personnelles mais aussi des plus grands formats. Les visiteurs pourront voir la progression de mon travail alors que les sculptures se transforment au gré de plusieurs matériaux et des étapes de production et de mutation.

Comment pouvons-nous comprendre la popularité de Donatello et l’art et le design contemporain ?

J’ai toujours été surprise par la modernité d’un grand nombre des pièces de Donatello. Son style peut varier d’un naturalisme à une stylisation plus raffinée voire expressionniste. C’est évident que son influence a touché beaucoup de sculpteurs du XIXe siècle mais je la vois aussi chez des artistes plus modernes comme Epstein. 


Vis-à-vis de la culture contemporaine, je pense que son influence est si omniprésente que nous ne pouvons même pas la percevoir. Rappelez-vous l’androgynie sensuelle de son David ; le lien avec les tendances pour les modèles androgynes de la mode n’est pas tiré par les cheveux. Pensez aussi à la réinterprétation du classique comme kitsch avec Jeff Koons, ou même les images personnelles multiples de Cindy Sherman. L’influence est flagrante dans l’élaboration continue d’un sujet ainsi que le changement infime d’un style et d’une humeur.

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